Les femmes du Soudan du Sud s'unissent

Charity a rejoint l'équipe de protection des femmes de Mundri en 2017 et est une pacificatrice active dans sa communauté. Elle a aidé les gens à résoudre leurs différends de manière non violente, prévenu les cas de violence sexuelle et sexiste et enseigné aux membres de la communauté comment se protéger en cas d'attaque soudaine. Charity est fière de son travail : « J'ai maintenant des compétences que personne ne peut me retirer. Si quelque chose se passe dans la communauté, ils m'appellent d'abord pour résoudre le problème parce que les gens me font confiance.  

Une nuit, Charity a entendu un bruit près de la maison de son voisin et a couru pour voir ce qui se passait. Lorsqu'elle s'est approchée, elle a trouvé son voisin en détresse alors que deux hommes armés se frayaient un chemin à l'intérieur de la maison. "J'ai crié 'Oh, mes chers fils!' et je leur ai parlé en tant que voisins. Les hommes armés dirent à Charity : « Pars ! Nous allons tous vous tuer maintenant. Mais Charity a persisté. "Avant, quand je n'étais pas formé, j'avais peur. Mais maintenant que je suis formé sur la façon de gérer ces situations, je n'ai plus peur." 

Charity a dit : « Je sais que vous souffrez. Vous n'avez pas d'argent. Vos proches ne sont pas là. C'est pourquoi vous attaquez les gens la nuit ou le jour. Nous le savons très bien. vous parce que vous souffrez. Si vous n'êtes pas là, nous ne pouvons pas vous aider. Charité les invite à venir manger avec elle. "Nous avons partagé de la nourriture, nous avons établi une connexion et ils n'ont tué personne." Charity a réussi à les convaincre de partir sans faire de mal à personne. Parfois, les gens ne sont même pas conscients du traumatisme qu'ils subissent ou causent. 

Cette confiance pour répondre à la violence se traduit par la confiance dans le leadership. Charity espère aider les femmes d'autres communautés à former leurs propres équipes de protection afin d'améliorer la sécurité des civils et d'accroître le leadership des femmes. Comme l'a noté Charity, « Dans le passé, les femmes ne jouaient aucun rôle dans la communauté et n'avaient pas voix au chapitre dans leur propre foyer. Maintenant, ils jouent un rôle important, même au sein du gouvernement. 

Tout au long du processus de paix, les femmes ont réclamé des quotas pour assurer leur représentation dans les instances décisionnelles. En 2018, les négociateurs, dont 25% étaient des femmes, ont convenu que 35% du prochain gouvernement de transition d'unité nationale seraient des femmes. Dès Mars 2020, le quota n'a pas été atteint, cependant, les efforts des femmes dans les pourparlers de paix ont été félicité et reconnu comme important pour la stabilité du pays.

La violence sexuelle et sexiste comme outil de guerre,
L'affronter est un outil de paix
Yodita de Yambio

"Chaque jour, vous pouviez entendre parler de cas de viol—des vieilles femmes, des jeunes filles », raconte Yodita, l'une des quarante femmes membres de l'équipe de protection des femmes à Yambio. « J'ai rejoint l'équipe de protection des femmes parce que je veux aider les gens à comprendre ce qu'est la paix », explique Yodita. 

Comme Yasmin Sooka, présidente de la Commission des droits de l'homme des Nations Unies au Soudan du Sud, l'a précédemment déclaré : « Il ne s'agit pas d'incidents aléatoires de violence sexuelle, mais d'un schéma généralisé systématique et caractéristique du conflit au Soudan du Sud, où le viol et la violence sexuelle sont utilisés comme une tactique de guerre contre les femmes et les filles par toutes les parties belligérantes pour semer la terreur et la peur parmi la population civile." Quelque 65 % des femmes sud-soudanaises ont subi des violences sexuelles ou physiques, soit le double de la moyenne mondiale (certains rapports sont même plus élevés).  

L'équipe de protection des femmes dont Yodita fait partie a joué un rôle crucial dans la prévention de la violence sexuelle et le soutien aux survivantes à Yambio. L'équipe de protection de Yodita a sensibilisé sa communauté à la violence sexuelle et sexiste, ce qui a entraîné une réduction des cas et une augmentation des signalements. Les survivants sont désormais conscients et se sentent plus à l'aise d'accéder aux services post-incident et de demander justice sans être stigmatisés par leurs communautés. 

"Il y a quelques semaines à peine, nous avons rencontré une fille de seulement 7 ans environ qui a été agressée sexuellement. Nous l'avons emmenée à l'hôpital où elle reçoit un traitement et des conseils", a raconté Yodita. "Elle est traumatisée, mais elle fait des progrès. Avant, si vous lui parliez, elle se taisait et vous regardait. Maintenant, elle parle à nouveau. Nous sommes si fiers de sa force. C'est un exemple vivant : grâce à l'aide de Nonviolent Peaceforce, nous pouvons dire que nous sommes les artisans de la paix." 

Même avec des progrès vers la réduction de la violence sexuelle et sexiste, Yodita a noté qu'il reste encore du travail à faire, en particulier dans les endroits difficiles d'accès. Les contraintes de transport limitent l'accès de son équipe de protection des femmes aux zones où la violence sexuelle et sexiste doit être combattue. Nonviolent Peaceforce a couvert les frais de transport pour se rendre dans des endroits où les gens sont particulièrement vulnérables et a travaillé avec des partenaires humanitaires pour fournir des vélos aux femmes. 

Plaidoyer pour la prochaine génération de filles
Sarah d'Ulang

Sarah, mère de cinq enfants, a rejoint l'équipe de protection des femmes d'Ulang pour identifier et défendre les besoins de sa communauté. Avant la formation de Nonviolent Peaceforce sur la non-violence et la protection civile non armée, Sarah d'Ulang a admis qu'elle aurait recours à la violence dans les situations de conflit. Elle se souvient : « Je n'aimais pas pardonner aux gens. Maintenant, même si quelqu'un me provoque, je réponds de manière non violente et cherche un moyen de trouver un terrain d'entente. 

Une grande partie de son travail sur la non-violence soutient la prochaine génération de filles. "Nous défendons les droits des enfants. ... Un élément clé de cela consiste à défendre l'égalité de tous les enfants afin qu'aucun enfant ne soit interdit d'aller à l'école, en particulier les filles", a partagé Sarah. "Parce que si les filles sont laissées pour compte, elles risquent de se marier plus tôt. C'est aussi l'un des défis que nous n'avons pas encore relevés".—assurer l'avenir de la jeune génération."

Quelque 52% de filles au Soudan du Sud sont mariées avant leur 18e anniversaire et 9% sont mariées avant l'âge de 15 ans. Les raisons sont complexes, mais entre autres facteurs, de nombreuses filles et femmes ont été contraintes au mariage et à la prostitution pendant le conflit au Soudan du Sud afin de survivre. 

Sarah est devenue une ressource pour la communauté, les gens l'approchant pour obtenir de l'aide dans la nuit. Peu importe l'heure tardive, ses enfants l'encouragent toujours à aider ceux qui en ont besoin. Le travail de Sarah au sein de son équipe de protection des femmes est une source de fierté pour elle et sa famille.  

Dans l'attente de ses enfants et au-delà, Sarah a réfléchi à ce qu'elle espère pour les femmes et les filles de sa communauté. "Il y a longtemps, les femmes et les filles n'avaient pas le droit d'aller à l'école. Maintenant, elles y sont autorisées, mais peu le font. À l'avenir, je pense que les filles et les garçons seront égaux pour étudier et travailler ensemble."