Protection au-delà du POC : accompagner les femmes lors de la collecte du bois de chauffage

Le 19 août à 7h30, l’équipe de protection des civils (PoC) de Nonviolent Peaceforce (NP) de Bentiu attendait à la porte ouest pour accompagner les femmes de la POC dans leur voyage pour ramasser du bois de chauffage. Les femmes marchent jusqu’à sept heures à la recherche de bois de chauffage, principale source d’énergie pour les ménages Nuer, qui est ensuite ramené au PoC en tas lourds en équilibre sur leurs têtes. C’est un travail ardu et dangereux pour un très faible rendement. Ces femmes sont exposées aux agressions sexuelles, aux vols et aux meurtres, en particulier pendant la saison des pluies, lorsque l’herbe à éléphant pousse haut et que les groupes armés peuvent plus facilement se cacher dans la brousse.
Lorsque le POC a été initialement établi en 2013 pour assurer la protection des civils Nuer fuyant la violence, le bois de chauffage était disponible à proximité du périmètre du camp. Aujourd’hui, après des années de recherche de bois par les femmes du camp, le bois de chauffage ne peut être trouvé que de plus en plus loin. Cette pénurie a entraîné une vulnérabilité accrue des femmes qui doivent marcher plus loin dans la brousse et une plus grande difficulté à assurer une présence protectrice efficace car les femmes sont dispersées sur une zone beaucoup plus vaste.
Au moment de quitter le PoC, l’équipe a marché avec les femmes le long de la route principale pendant environ trois heures. En chemin, ils ont appris que les femmes quittaient le PoC de manière ponctuelle et que leurs déplacements ultérieurs étaient dispersés. Ces informations sont importantes pour planifier la manière dont les futures patrouilles peuvent être réorganisées afin d’accroître la protection des femmes qui ramassent du bois de chauffage.
Après avoir marché environ 10 km, l’équipe est arrivée dans une zone où l’on pouvait voir des femmes ramasser du bois de chauffage. Dans cette zone, l’équipe a été accueillie par le chef qui s’est dit heureux de voir la NP opérer dans une zone aussi éloignée et peu sûre. Le chef a indiqué que de nombreuses femmes dorment souvent la nuit dans la brousse avant de retourner au POC, ce qui indique la nécessité d’ajouter des programmes qui s’adressent aux femmes qui retournent au POC le matin plutôt que seulement l’après-midi. Il a également informé l’équipe des problèmes de sécurité auxquels son village était confronté – les attaques de criminels armés dans son village le mois précédent et les mouvements accrus de soldats dans les environs.
Le chef a fourni à NP son numéro de téléphone et a accepté de le contacter à l'avenir, ce qui lui a permis de vérifier les signalements de violences contre les femmes dans et autour de son village. Grâce à cette coordination, le chef participe désormais à la protection des femmes qui viennent dans la communauté pour ramasser du bois de chauffage. Lorsqu'il est mis à contribution dans le cadre de mécanismes de protection communautaires, comme les équipes de protection des femmes (WPT), ce rôle peut se poursuivre bien après que NP et d'autres acteurs de la protection ont cessé leurs programmes dans la région.
Après avoir quitté ce village, l’équipe a continué à marcher le long de la route principale et a rencontré un autre homme qui possédait une base de fabrication de charbon de bois cachée en dehors de la route dans l’herbe à éléphant. L’homme a informé NP du mouvement de criminels armés et de soldats du gouvernement dans la région. Comme le premier chef, l’homme a accepté d’être contacté par téléphone à l’avenir. Il servira d’autre « poste d’écoute » pour NP, une source précieuse d’informations pour évaluer et répondre aux problèmes de sécurité et de protection. Alors que l’équipe revenait avec les femmes sur le trajet de 10 km de retour au PoC, les femmes ont exprimé leur appréciation pour la présence et l’accompagnement de NP. Cette patrouille a été une vitrine des qualités distinctives de NP : l’indépendance, la flexibilité pour modifier la programmation en fonction de nouvelles informations et des besoins changeants de la population, la durabilité et la capacité à établir et à maintenir des relations solides avec la communauté basées sur la confiance et l’acceptation.
L’équipe prévoit de poursuivre ces patrouilles et ces accompagnements de protection pour accroître la sécurité des femmes quittant le PoC pour accéder au bois de chauffage. En intégrant les informations apprises lors des patrouilles précédentes ainsi que l’engagement avec les membres de la communauté et les ramasseurs de bois de chauffage, NP peut continuellement adapter la programmation qui augmentera au mieux la protection des femmes dans la région. Cela se fera par la mise en œuvre de patrouilles matinales des sites de collecte de bois de chauffage au PoC, de patrouilles supplémentaires du PoC au site de collecte de bois de chauffage, et par l’établissement de relations et la coordination avec de nouveaux acteurs dans les zones sensibles.