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Protection contre la cyberviolence sexiste en Irak 

Date: 18 mars 2025


Du 10 au 21 mars, des représentants d'organisations de la société civile, d'ONG, d'États membres de l'ONU, d'agences et de groupes de réflexion se réunissent à New York pour la 69ee édition de la Commission de la condition de la femme. Cette session examinera la mise en œuvre de la Déclaration et Programme d'action de Pékin, en mettant l’accent sur les défis actuels à relever pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes.

Auditorium de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies. Photo : Service de presse de la Mission permanente de la Norvège auprès des Nations Unies à New York.
 

Alors que l’attention mondiale se tourne vers l’égalité des sexes et la violence à l’égard des femmes, La violence sexiste dans le cyberespace est souvent négligée. En nous appuyant sur l’expérience de Nonviolent Peaceforce en Irak, nous examinons comment ce problème se manifeste, son impact sur les communautés et les efforts de NP pour y remédier.

Qu’est-ce que la cyberviolence sexiste ?

ONU Femmes définit cyberviolence sexiste (également connue sous le nom de « violence sexiste facilitée par la technologie », ou (TFGBV) comme « tout acte commis, facilité, aggravé ou amplifié par l'utilisation des technologies de l'information et de la communication ou d'autres outils numériques, entraînant ou susceptible d'entraîner un préjudice physique, sexuel, psychologique, social, politique ou économique, ou d'autres atteintes aux droits et libertés ». Bien qu'elle puisse toucher tous les genres, elle touche de manière disproportionnée les jeunes femmes et les filles, les plateformes numériques devenant de puissants outils d'intimidation, de honte et de contrôle. La cyberviolence fondée sur le genre comprend un éventail d'abus, allant du harcèlement en ligne à des actes plus graves comme les abus sexuels basés sur des images et la cyberextorsion. Bien que répandue, elle reste souvent sous-déclarée. Étude de l'Economist 2021 ont constaté que 381 TP3T de femmes ont été directement victimes de TFGBV et que 851 TP3T en ont été témoins chez d'autres.

Comment la violence sexiste se manifeste-t-elle en ligne en Irak ?

En Irak, l'une des formes courantes de cyberviolence sexiste est l'abus sexuel basé sur l'image (IBSA). NP a commencé à travailler à Mossoul-Sud en février 2022, où notre programme a rapidement identifié l'extorsion numérique comme un problème majeur, touchant particulièrement les jeunes femmes et les filles. Les membres de la communauté ont fait part de leurs inquiétudes alarmantes concernant les hommes qui extorquent de l'argent ou des faveurs sexuelles en échange du respect de la vie privée des femmes et des filles. Les auteurs obtiennent, partagent ou menacent souvent de partager des images compromettantes sans leur consentement, utilisant ces menaces pour contraindre leurs cibles à obtempérer. Ces images ne sont pas nécessairement explicites, représentant de la nudité ou des scènes intimes, mais dans des sociétés conservatrices comme Qayyarah, où NP opère, un homme possédant l'image d'une femme voilée sans cheveux couverts est considéré comme une « tache sur l'honneur familial », une « honte » et une faute grave de la part de la femme.

Quelles sont les conséquences de la violence numérique pour les survivants et les communautés ?

Les conséquences psychologiques pour les femmes et les filles victimes de violence numérique sont profondes et durables. Les survivantes souffrent souvent de dépression, d'anxiété, de paranoïa et d'un sentiment de sécurité amoindri, ce qui conduit à l'isolement social. Des sources communautaires ont signalé une augmentation des taux de suicide chez les femmes victimes d'extorsion numérique. Dans des cas moins extrêmes, les personnes concernées peuvent se taire pour protéger leur vie privée, en désactivant leurs comptes sur les réseaux sociaux ou en s'abstenant de s'exprimer en ligne. Cependant, cette autocensure les prive de leur voix et de l'accès à des ressources vitales, telles que les services aux personnes déplacées ou le soutien aux survivantes de violences. De plus, la stigmatisation entourant la violence numérique, conjuguée aux attitudes de culpabilisation des victimes, qui suggèrent que les femmes « cherchent leur peau » en étant présentes en ligne, aggrave ces effets. De telles attitudes découragent les civils victimes de signaler leurs expériences, laissant nombre d'entre elles sans soutien ni recours.

Deux membres du personnel de NP portant des gilets NP beiges s'adressant à une salle pleine de personnes assises à des tables pour un forum sur la sécurité communautaire (CSF)
CSF dans la ville de Qayyarah (7 mars 2023).

Au-delà de l'individu, les conséquences de la cyberviolence sexiste peuvent se répercuter sur des communautés entières. Des tensions entre tribus ont été amplifiées par des cas d'extorsion numérique, ce qui présente un risque important de violences intrafamiliales. Dans de nombreuses communautés irakiennes, au-delà de Mossoul-Sud où NP intervient, partager ou menacer de partager des images compromettantes est perçu non seulement comme une atteinte individuelle, mais aussi comme une atteinte à l'honneur et à la réputation de la famille. En effet, l'honneur et la réputation sont très valorisés dans des sociétés aussi soudées, si bien que le moindre affront peut déclencher d'intenses conflits. Lorsque de tels actes se produisent, ils peuvent attiser les rivalités ou les luttes de pouvoir entre les familles, exacerbant des griefs anciens, la honte et l'humiliation associées à de tels incidents justifiant pour certains des représailles violentes. En fin de compte, dans ces zones déjà touchées par les conflits, où la confiance et la cohésion sociale sont fragiles mais vitales, de telles pratiques fragilisent davantage la stabilité et la sécurité des communautés, perpétuant ainsi les cycles de violence et de préjudice.

Comment le NP réagit-il en Irak ? 

Pour remédier à ce problème, NP a créé des espaces sécurisés où les femmes peuvent discuter de leurs expériences et exprimer leurs préoccupations. En 2022, NP a organisé deux forums de sécurité communautaire (FSC) Des forums ont permis aux autorités locales et aux femmes d'engager un dialogue direct sur l'extorsion numérique et les problématiques connexes. Lors de ces forums, les femmes ont identifié les lacunes des politiques actuelles et proposé des mesures pour atténuer l'extorsion numérique. Les autorités locales, quant à elles, ont appris à mieux réagir et ont partagé des informations sur le signalement anonyme, ce qui a renforcé la confiance des femmes dans leur recours à l'aide. Ce dialogue a permis aux femmes de partager des histoires jusque-là passées sous silence. « Après le forum, certaines femmes nous ont contactées directement et ont signalé des cas de chantage. » – Représentante des autorités de sécurité, Forum communautaire sur la sécurité de l'extorsion numérique (12 mai 2023)

Outre ces forums, NP a offert un accompagnement protecteur aux survivants souhaitant signaler des cas d'extorsion numérique aux autorités, garantissant ainsi leur confidentialité et leur sécurité. Lorsqu'aucun cas d'extorsion numérique n'avait été signalé aux autorités, la présence protectrice de NP et son engagement en faveur de la confidentialité ont permis aux civils de trouver leur voie et d'obtenir justice sans crainte de représailles.

De plus, pour aborder ce problème plus large et susciter un débat communautaire, NP a organisé plus de dix sessions de formation à l'intention des membres de la communauté, jeunes et adultes, afin de les sensibiliser à l'extorsion numérique, aux mécanismes de soutien disponibles et aux possibilités de signalement. En sensibilisant la communauté aux services de santé mentale, aux canaux de signalement et aux lignes d'assistance téléphonique anonymes, NP a contribué à favoriser une réponse plus éclairée et proactive au problème.

À Mossoul-Sud, NP a soutenu, par le biais de programmes de mentorat, des équipes de jeunes pour la paix dans la lutte contre la violence numérique et autres formes de violence sexiste, leur donnant les moyens d'agir lorsque de tels cas surviennent dans leurs communautés. Ces équipes ont également été formées à la protection des civils non armés et sont devenues un acteur communautaire essentiel pour assurer une protection globale et durable des femmes et des filles de la région.

Comment pouvons-nous protéger sLes survivants vont mieux ? 

La montée de la violence numérique dans les zones de conflit comme l'Irak a des conséquences particulièrement dangereuses pour les populations à risque, notamment les jeunes femmes et les filles. Si elle n'est pas prise en compte, elle exacerbe les tensions sociales et peut contribuer à l'augmentation ou à l'aggravation des conflits communautaires, pouvant se traduire par des actes extrêmes tels que les crimes d'honneur. Si des organisations comme NP peuvent apporter des réponses importantes, la lutte contre la cyberviolence sexiste nécessite une approche multidimensionnelle incluant l'action des décideurs politiques internationaux. Alors que diverses organisations et États membres se réunissent à New York pour la CSW69, ils devraient prendre en compte les points suivants : 

  • Éduquer. Il est essentiel de sensibiliser aux méfaits de la TFGBV et de remettre en question les normes de genre néfastes pour prévenir ces actes de violence.
  • Adapter les cadres juridiques internationauxOutre la sensibilisation, il est urgent de renforcer les cadres juridiques afin de tenir les auteurs responsables de leurs actes et de fournir aux survivantes des voies claires pour obtenir justice. Bien qu'elle soit considérée comme le modèle le plus progressiste pour la promotion des droits des femmes, la Déclaration de Pékin de 1995 n'aborde pas la violence sexiste dans le cyberespace et ne fournit pas de lignes directrices en matière de responsabilité et de justice en matière de criminalité numérique. Il est grand temps de mettre à jour et de réformer les cadres juridiques internationaux afin de garantir la protection contre la violence sexiste en ligne et de veiller à ce que les États soient tenus responsables de la lutte contre ce problème croissant.
  • Augmenter les services de soutien aux survivantsIl est essentiel d'accroître les capacités et le financement des OSC et des ONG locales et internationales pour fournir des services de santé mentale, psychosociaux, juridiques et un espace sécurisé aux personnes touchées, en particulier dans les zones de conflit et les situations de déplacement. Les survivantes de VBG doivent se sentir habilitées à témoigner de leurs expériences sans crainte de stigmatisation ni de représailles.

Vous pouvez protéger les civils qui vivent ou fuient un conflit violent. Votre contribution transformera la réponse mondiale aux conflits.
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