Alors que la guerre en Ukraine fait rage, le pape François devrait réorienter l'Église vers une "paix juste"
Clip de presse Source: National Catholic Reporter
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Citant les conflits et l'instabilité croissants dans le monde, le pape François a partagé un message sans équivoque à la mi-juin : "Le moment est venu de dire un 'non' catégorique à la guerre" et d'affirmer avec fermeté "que les guerres ne sont pas justes". Le message a été lu par l'archevêque Paul Gallagher, ministre des Affaires étrangères du Vatican, lors du récent briefing au niveau ministériel du Conseil de sécurité de l'ONU, dont le thème était "les valeurs de la fraternité humaine dans la promotion et le maintien de la paix".
Les conditions d'une guerre juste sont inscrites dans la doctrine de l'Église catholique (Catéchisme de l'Église catholique, paragraphe 2309). Bien que nous puissions débattre de la question de savoir s'il y a jamais eu une guerre vraiment juste, l'affirmation de François - que les guerres d'aujourd'hui ne peuvent être justifiées - est largement évidente. Nos guerres ne sont pas de dernier recours ou de juste cause. Et ils ne sont plus exécutés avec une intention légitime - le thème prédominant dans les guerres du 21e siècle est l'augmentation dramatique du nombre de civils blessés et tués. Quatre-vingt-dix pour cent de les victimes de la guerre aujourd'hui sont des civils.
Les militants non-violents, les bâtisseurs de paix et les organisations de paix, telles que l'Initiative catholique pour la non-violence, tirent la sonnette d'alarme à propos de cette focalisation sur les "guerres justes" depuis des décennies. Nous avons appelé l'église adopter une éthique de paix juste. Une paix juste est "une voie de coopération politique pour le bien commun, le respect de la dignité de toutes les personnes et du monde naturel, la prévention de la violence avant qu'elle ne commence et la transformation des conflits par des stratégies non violentes."
Une partie de notre limitation à l'adoption d'une paix juste est notre manque d'imagination morale de ce qui est possible sans violence face à des conflits mondiaux, régionaux et interpersonnels complexes. Lorsque nous choisissons de regarder, cependant, les exemples abondent de ce que la paix et la non-violence rendent possible. Des organisations comme Nonviolent Peaceforce, par exemple, utiliser un ensemble d'outils appelés "protection civile non armée", qui protègent efficacement les personnes prises entre les feux croisés de la guerre, tout en jetant les bases de la paix grâce à l'utilisation visible de la non-violence.
En Ukraine, des groupes de volontaires locaux poursuivent des actions pacifiques de première ligne. Ces groupes évacuent les gens des balles et des bombes, tout en distribuer de l'aide là où les organisations humanitaires internationales ne vont pas. Aux Philippines, où je me suis engagé dans le dialogue interreligieux et la consolidation de la paix catholique, nous avons vu des bâtisseurs de paix soutenir des clans rivaux pour mettre fin à leurs siècles de conflit et déposer les armes. Lorsque nos informations quotidiennes sur les conflits sont presque uniquement axées sur les manœuvres militaires, il y a peu de place pour ces histoires de paix.
Si François veut que l'Église se joigne à lui dans un « non » catégorique à la guerre, il doit activement promouvoir des pratiques et des stratégies non violentes, telles que la protection des civils non armés et la transformation des conflits. Il doit ordonner au clergé de partager des homélies remplies d'histoires de consolidation de la paix dans les communautés locales et de résistance non violente en temps de guerre. Il doit utiliser toute la gamme d'outils à sa disposition pour amener l'église à voir la réalité actuelle et vécue de sa vision de la paix et, par extension, développer une doctrine pour y correspondre (un appel constant de l'Initiative catholique pour la non-violence a été pour le pape d'écrire une encyclique sur une éthique de paix juste).
Et tandis qu'une éthique de paix juste peut alimenter notre développement de doctrine, ce développement de doctrine, à son tour, alimentera davantage les exemples quotidiens de non-violence et de consolidation de la paix. Des dizaines d'artisans de la paix dans des endroits comme les Philippines, la Colombie, l'Afrique du Sud et l'Indonésie désignent leur foi catholique comme le fondement de leur travail.
Au Soudan du Sud, les équipes de protection des femmes qui apportent sécurité et paix à leurs communautés grâce à une protection civile non armée adoptent une approche œcuménique pour prier pour la paix - chaque mois, toute l'équipe se joint à la prière dans un lieu de culte différent. Cette prière mensuelle alimente à la fois leur travail acharné de non-violence et est un acte de construction de la paix interreligieuse en soi. Personnellement, je suis venu au travail de construction de la paix parce que j'ai recherché et été inspiré par des bâtisseurs de paix catholiques, mais cet enseignement n'a jamais été partagé avec moi sur les bancs du dimanche.
Que pourraient accomplir de plus ces groupes puissants avec le plein soutien de l'Église catholique, de son leadership clérical et de sa doctrine ? Quelle plus grande légitimité aurait une équipe de protection des femmes au Soudan du Sud avec la bénédiction de leur évêque, par exemple ? Combien de membres supplémentaires les rejoindraient ? Combien plus les églises locales alloueraient-elles à leurs efforts de paix ?
Ceux d'entre nous qui suivent les traces des grands leaders catholiques non violents de notre passé et travaillent en solidarité avec les catholiques locaux qui construisent la paix aujourd'hui, se réjouissent des enseignements du pape sur la non-violence et la paix juste. Le défi de François demeure cependant de diriger la hiérarchie vers un changement systématique qui corresponde à ses paroles ambitieuses. Alors que la guerre continue de dévaster les communautés, il est grand temps que le monde passe de la guerre juste à la paix juste. Et devenir une église incarnant et amplifiant pleinement le travail quotidien de paix.